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1 mai 2009 5 01 /05 /mai /2009 09:56
Le temps maussade qui flottait au dessus de la ville, rendait Emile mélancolique. En rangeant son placard à balais, il retrouva dans une boîte à chaussures, son vieil harmonica diatonique à 10 trous « Spécial 20 A» . Afin de ressentir à nouveau cette sensation unique des hanches métalliques vibrer dans sa bouche, il plaça l'instrument entre ses lèvres, l'instrument du voyageur, celui que tout aventurier de l'ouest pouvait loger dans sa poche, à côté de son colt, il prit une grande inspiration, positionna sa langue et souffla de tout son coffre. Les lamelles, ne vibraient pas aussi bien que dans son souvenir et il manipula son souffle pour obtenir les notes manquantes, ce qui curieusement fit hurler à mort le chien du voisin d'en face, apparemment sensible aux notes de blues. Il intitula son blues: « Dog ouah sonne blues ».
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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 07:44
Il pleuvait des cordes. Emile était dans ses pensées. A l'abri de toute contestation, car elle ne peut être prouvée, ni observée, la mécanique quantique, nous ouvre les portes d'un domaine étrange: "la théorie des cordes" ou "la théorie du tout", qui réunit toutes les forces de l'univers. Soudain, Emile aperçut par la fenêtre, Alexandrine qui venait d'arriver à bord de son auto. Il devait saisir cette opportunité et lui offrir l'abri d'un parapluie en bon gentleman qui se respecte. Il se hâta de descendre l'escalier quatre à quatre, il courut vers la belle dans un élan précipité, tel un pécari attiré par un gisement de truffes et trébucha par inadvertance sur une corde à linge, arrachée par le vent et mise en travers de son passage. Il s'étala de tout son long devant l'auto d'Alexandrine qui fut surprise de le trouver à ses pieds. Couvert de boue, il lui adressa un sourire crispé, il aurait voulu être ce point , dans l'infiniment petit, au delà des quarks, un brin d'énergie en oscillation, comme une cordelette fragile et invisible....
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18 avril 2009 6 18 /04 /avril /2009 18:07
Les 20 hexagones et les 12 pentagones que composaient un ballon de football, étaient une structure sphérique qu‘Emile avait détaillée de longues heures durant son enfance. Aussi, lorsqu'un ballon, échappé du carré de jeu, avec lequel une bande d'enfants s'amusait, arriva dans ses pieds, il ne put retenir l'envie d'y shooter, avec tout l'élan affectif que lui procurait cet agréable souvenir, de la formule d'Euler jusqu'aux fullerènes C60 d'Harold Kroto.
La sphère de cuir, impactée par le pied droit d'Emile,  partit tel un boulet de canon, à l'opposé de l'endroit où se trouvait le terrain de jeu, pour aller se coincer dans les branches d'un sapin, un Abies Balsanea à première vue . Émile s'éclipsa benoîtement, en sifflotant,  sous la colère et les huées des enfants mécontents.
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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 15:07
Emile avait acheté quelques œufs de Pâques en chocolat pour les offrir à Alexandrine sa voisine. Adolescent, un œuf décoré, lancé violemment par un enfant mal intentionné, lui avait explosé en pleine face et ce souvenir gluant sur son visage pubère, le marqua à jamais. De ce fait, il ne partageait pas l'hystérie collective que suscitait cette tradition chrétienne, célébrée le dimanche après le 14ème jour du premier mois lunaire du printemps, calculée avec précision à l'aide du comput de Bède le vénérable.
Il s'apprêtait à prendre la corbeille d'œufs en chocolat, posée sur la table de la cuisine, quand il s‘aperçut avec stupeur qu'un rayonnement solaire, venu frappé la corbeille durant quelques minutes, suffit à faire fondre les œufs. Son désarroi fut grand. Il se tappa le front en se traitant de pauvre cloche.
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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 16:55
Emile s'était habillé à la hâte ce matin-là. Le slip qu'il avait enfilé avait certainement dû rétrécir au lavage car un testicule s'en était échappé malencontreusement, le mettant dans un inconfort certain, si bien qu'il eut une appréhension à accepter cette place assise dans l'autobus, concédée par une aimable dame du troisième âge à la courtoisie extrême. Il ne put retenir une grimace de douleur, en posant ses fesses sur le fauteuil, ce rictus involontaire qui pouvait passer pour du dédain, interpella la vieille dame qui maugréa sur le manque de politesse de la jeunesse actuelle et lorsqu‘Emile ajusta son appareil génital, celle-ci fut vraiment outrée.
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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 16:51
Emile n'aimait pas le 1er avril, même si ce jour fut, avant l'édit du Roussillon du 9 août 1564, à certains endroits de France, le 1er jour de l'année. S'il n'aimait pas ce jour, cela était dû à un souvenir de son enfance, où, de mauvais farceurs lui avaient accroché dans le dos, à son insu, un goujon avarié, dont la date limite de fraîcheur était largement dépassée. Les chats le suivaient à la trace, sous la risée de ses camarades et il s'aperçut de cette vilaine blague une fois rentré chez lui, lorsque son père, par l'odeur, alléché, lui flanqua une rouste mémorable, croyant que son fils s'en fut aller fréquenter les péripatéticiennes... En l'occurrence, chaque 1er avril, Emile rasait les murs et le simple fait d'avoir un poisson dans le dos, ne serait-ce qu'un ichthus de papier, le terrorisait. Dusse-t-il avoir le dos de son manteau blanchi à la chaux par les façades refaites, chaque 1er avril, il se jurait d'échapper au poisson d'avril maudit. Il exorcisa d'ailleurs cette satanée tradition, par une création artistique, qu'il intitula Ichthus nombriliste et qu'il publia dans son journal ici.
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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 21:43
Emile était très énervé ce jour-là: Sa grille de sudoku était toute raturée et la mener à terme était sérieusement compromis. Aussi, afin de calmer ses nerfs avivés, il récita le mantra de six syllabes du bodhisattva Avalokitesvara : « Om Mani Padme hum, » que lui avait enseigné un vieux moine exilé, avec qui, il avait partagé une pinte de Tsingtao, lors d'une partie de go tourmentée, avant de pratiquer 15 minutes de Chi Kung primordial, destinées à son éveil personnel, à l'instar de Maître Chan San Feng, son vendeur de nem favori . Il plaça la main droite à la hauteur du cœur et la main gauche sous le nombril et fit tourner ses mains dans un mouvement perpétuel afin de mélanger le ying et le yang, un peu à la manière de:
« Meunier, tu dors,
Ton moulin, ton moulin
Va trop vite,
Meunier, tu dors,
Ton moulin, ton moulin
Va trop fort. »
Peu à peu, cette manifestation extrême d'une tension intérieure se libéra, Emile reprit sa grille de sudoku dans la sérénité en mâchant son crayon calmement...
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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 22:17
Emile fut surpris par le regard interrogateur d’Alexandrine qu’il croisa furtivement dans l’escalier. Celle-ci, avait semble-t-il un rendez vous urgent et avait échangé une brève formule de courtoisie dans la hâte, avant de disparaître dans son auto vrombissante. Emile était, ce matin-là, pourtant bien apprêté, coiffé avec un peu de gel et rasé de près, avec son nouveau rasoir vibrant 4 lames. Dans le miroir de l’entrée, il s’aperçut qu’il avait oublié de retirer la feuille de papier toilette rose, collée sur sa joue. En effet, en se rasant ce matin-là, la première lame souleva le poil, la deuxième lame tira le poil, la troisième lame coupa le poil et la quatrième lui fit une belle entaille sur la joue, à son grand dam.
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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 21:53
L’exigence était à la créativité. Emile se devait de faire évoluer sa pensée analogique, vers une pensée créatrice, s’auto-organisant , sous l’auspice de l’autonomie, dans un espace chaotique inconnu. Une pensée qui prendrait des raccourcis, qui supprimerait des maillons logiques, une pensée gérée par l’émotion. Emile maîtrisait, vaille que vaille, les tensions, les contradictions et les informations incompatibles, dans son cortex en ébullition et maintes circonvolutions cérébrales agitaient ses neurones dans une dissonance cognitive frénétique, comme celle élaborée par Leon Festinger en 1957. Aussi, à force d’imaginer, des ovnis s’agitaient devant ses yeux, tels une neige cathodique télévisuelle. Il décida de dessiner ces formes étranges venues d’ailleurs qui meublaient l’espace et de les publier dans son journal ici.
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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 22:07
Emile n’aimait pas lécher les enveloppes. Jadis, alors qu’il s’apprêtait à coller une enveloppe avec diligence, il s’entailla la langue douloureusement. Le souvenir de cette blessure, qui le fit zozoter plusieurs jours durant, reste gravé à jamais dans sa mémoire. Aussi, lorsqu’il se trouva face à ce tip pré-rempli, il eut une appréhension à humecter l’enveloppe gommée et une goutte de sueur vint à perler sur sa tempe. Il s’arma de courage. Il se devait de vaincre cette terrible et stupide phobie. Lentement, sans paniquer, avec concentration et self control, Émile mouilla l’enveloppe, sans effusion de sang. Il échappa un râle de soulagement et de satisfaction. Les yeux fixés sur le pli célé, il jubilait. Quand soudain, l’enveloppe se décolla. Les glandes sublinguales, avaient, semble-t-il, déversé, sous l’anxiété, un peu trop de salive sur le papier, à son grand désarroi.
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