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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 14:46
Émile avait bien suivi les conseils de maître Kyudo. Ses pieds étaient bien enracinés, sa posture bien affermie, sa vigilance en éveil, son arc érigé (comme une pousse de bambou dans un rouleau de printemps), sa force dans les coudes bien répartie. Il faisait corps avec l’instrument tendu, l’ esprit d’Émile était concentré pour élever son ego vers la cible avec un maximum d’énergie. Cette puissante extension dynamique provoqua le départ de la flèche, qui fusa tel un missile dans le ciel, en direction d’un vénérable Camphrier de Kamouhachima bicentenaire où se tenait perchée une blanche colombe, qui tomba de sa branche sous l‘impact du projectile, au grand dam d’Émile, qui grimaça de douleur, tant la corde de l’arc avait mâché son avant bras.
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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 12:17
Les tournesols n’avaient pas supporté le voyage, le bouquet jauni, flétri, recouvrait la main d’Emile, tel un balai mop à franges des années 70. Face à l’impossibilité de passer au plan B, car il était trop tard pour acheter des chocolats, il envisagea le plan C, qui consistait à récupérer le bouquet de roses séchées, entreposé dans son grenier. Il grimpa les échelons, quatre à quatre, soit en trois enjambées et parvint avec diligence à saisir le bouquet séché. Avec célérité, il s’empressa de rendre visite à Alexandrine sa voisine, où il était invité à diner. Lorsqu’elle ouvrit la porte, Alexandrine ne put s’empêcher de prendre Emile dans ses bras, tant elle était ravie de sa présence. Emile constata avec surprise que les roses séchées étaient vraiment très sèches, car celles-ci se réduisirent en poussières, lors de l’accolade. Emile, avec ses tiges de roses à la main, était quelque peu décontenancé face aux invités présents.
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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 18:34
Trouver un ressort pour sa montre de gousset, acquise lors d’un marché aux puces, fut une rude épreuve. Aussi, lorsqu’il libéra l’énergie stockée dans le ressort spiral et que celui-ci se détendit lentement pour actionner l’oscillateur mécanique, qui mit en mouvement la série de rouages, régulée par une “ancre”, aux“palettes” libératrices, Emile ne put retenir un cri de satisfaction. Les dents de la roue d'échappement cliquaient par à-coups réguliers, tels des battements cardiaques, constituants une mesure rythmée de l’écoulement du temps. Alors que sa montre de gousset en léthargie, revenait à la vie et que ces yeux brillaient d’émotion, la masse oscillante, actionnée violemment, vint frapper le " butoir ". Il se produisit alors un choc qui aida les vis insuffisamment bloquées à se dévisser, celles-ci impactèrent les joues d' Emile et fusèrent dans la pièce, comme une mini-bombe à retardement, à sa grande stupeur.
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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 14:52
Une invention si pratique, laissée en désuétude, consternait Emile, aussi, lorsque les braguettes à fermeture éclair sur les jeans réapparurent sur le marché, il fut ravi. Cette mode des boutons, était vraiment une gabegie et il était temps que cela cesse. Cependant, s’il appréciait la rapidité de l’éclair, il déplorait cette mode des slips taille-basse, qui laissaient apparaître la toison pubienne au risque de la coincer. Lorsqu’Emile remonta la fermeture éclair de son nouveau jean fraîchement acquis, il ne prit pas en compte le port d’un slip taille basse. Le cri du butor en rut s’échappa de la cabine d’essayage, suivis de quelques gémissements de pécari blessé, à la grande surprise des deux vendeuses qui sursautèrent.
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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 09:38
Emile tenait dans sa paume le galet « idéal » pour faire un ricochet. Même si, en principe, tout objet projeté à l’interface entre deux milieux de propriétés différentes peut ricocher. Par exemple, une navette spaciale pénétrant l’atmosphère d’une planète peut rebondir et se retrouver projetée dans l’espace. Les plongeurs aussi, peuvent ricocher, s’ils ne prennent pas garde d’arriver le plus verticalement possible, Emile a pu le verifier un jour... La Royal Navy avait remarqué que les boulets de canon rebondissaient parfois sur l'eau, augmentant ainsi leur portée, c‘est grâce à cette observation que Barnes Wallis, mit au point sa bombe rebondissante durant la seconde guerre mondiale… Le bon angle et la bonne vitesse tel était le secret pour réussir un bon ricochet. Emile adopta une élégante position de lanceur, à l’instar de Kurt Steiner ( champion du monde avec 40 rebonds), il fit deux pas en arrière pour prendre son élan, d’un geste souple mais franc, il lança le galet à la surface du lac, qui transperça l’eau, tel une amorce à la purée de sardines projetée avec un lance pierre. A sa grande stupéfaction, aucun ricochet ne se produisit. Sa voisine Alexandrine, qui passait par là, échappa un rire…
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30 août 2009 7 30 /08 /août /2009 17:47
 Pour donner à son œuvre son pouvoir d’exclusivité artistique, Émile avait choisi de fabriquer son propre papier. Il laissa reposer, toute une nuit durant, dans un récipient d’eau chaude, une grosse poignée de cellulose déchirée en petits morceaux, légèrement teintée de terre de Sienne brûlée contenant 48 % d'oxide de fer rouge, ramenée de Toscane par son oncle baroudeur Arénophile. La pâte reposée avait pris une consistance soyeuse idéale, pour réaliser un excellent papier. Tout en broyant la mixture, il savourait d’avance, l’instant magique où les pigments colorés de ses aquarelles, imprégneraient le divin papier. Quand soudain, contre tout entendement, ce satané mixeur électrique, qui broyait la pâte en toute sérénité, s’emballa comme une girouette en plein mistral. La pâte à papier gicla dans tous les sens, macula tout l’atelier et aveugla Émile, qui balbutia entre deux crachats un borborygme que lui seul comprit. Il utilisa tout de même une partie de son œuvre qu’il intitula Pâton nombriliste, (en hommage au général Patton, grand éclabousseur historique s’il en est).
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25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 09:46
Cette virée en mer de plusieurs semaines, avait transformé le cerveau d’Emile en éponge marine, ses connections neuronales étaient en bas débit et il bullait devant son ordinateur tel un mollusque bivalve métazoaire, triploblastique, cœlomate. S’il bravait encore les océans, contre vents et marées, tel un jeune et vigoureux matelot, le « brise-lames de la vie » avait buriné sur son front les sillages du temps et son cortex cérébral spongieux n’était plus aussi alerte que jadis. Aussi, lorsqu’il consulta sa messagerie électronique, une bulle de salive se gonfla sur sa bouche bée, des braves et courageux internautes aoûtiens, étaient restés sur leur ordinateur en plein soleil et avaient eu la louable initiative de lui rendre visite. Rien de tel que de recevoir de sympathiques messages pour se remettre dans le bain.
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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 14:14
Emile savourait la fraîcheur souterraine, de la grotte des demoiselles, les stalactites imposaient leur présence majestueuse et leurs gouttes à gouttes incessants procuraient une sérénité des plus relaxante. Lorsqu’il était à la surface, Emile tirait la langue afin de ventiler tant bien que mal son organisme, sans véritable succès. Il faisait un temps de chien en cette période de canicule, du latin canicula, petite chienne, alors qu’en grec, le chien se dit κύων (kiôn) et que l'équivalent de canicule se dit καύσωνας (Kavsônas), ce qui n’a rien à voir avec le domaine canin, comme aimait le souligner son professeur de sirtaki, Maître Ouzo, dont Emile se remémorait l’enseignement linguistique, entre deux dégustations d’olives. Aussi, en cette période caniculaire, seules ses sorties spéléologiques et la fraîcheur du soir lui apportaient un peu de répit. Ce soir-là, lorsqu’ il observa, allongé sur son transat, "Sirius", l'étoile la plus brillante du ciel, après ce satané Soleil, bien entendu, il éternua. Il avait pris froid sous terre, à sa grande surprise.
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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 16:44
Les cirrus vertebratus, qui parsemaient le ciel, annonçaient une météo clémente.Debout sur son surf, enduit de crème solaire, Émile était paré pour jouir au maximum de l'onde de gravité des rouleaux marins. Un fech suffisamment distant augurait des vagues conséquentes et il savourait d'avance, d'un coup de langue sur sa lèvre inférieure salée, la joie de surfer . Émile savait qu'une vague scélérate telle que la décrivait Simon de Murville, n'était pas un racontar de marin. Les capteurs de houle de la plate-forme pétrolière Draupner, l'ont bel et bien prouvé. Aussi, c'est avec une appréhension mêlée d'excitation, qu'il aperçut à l'horizon, une vague de plusieurs mètres, au moins deux, peut être même trois à vue d'œil. Œil qui commençait, sous les rayons dardés du soleil, des embruns marins salés et de la crème solaire dégoulinante, à piquer sérieusement, jusqu‘à l‘aveuglement. Émile fut surpris par l'impact de cette vague qui le submergea sans crier gare, qui le roula dans le sable, qui le mixa à vau-l'eau, qui lui frictionna les côtes et le postérieur. Il fut surpris, aussi, de voir ces myriades d'étoiles briller au fond de l'océan et tout autour de lui lorsqu'il se releva sonné, au bord de la plage.
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14 juillet 2009 2 14 /07 /juillet /2009 01:28
Emile avait fuit l’effervescent bouillon de la ville. Muni de sa batée, il orpaillait les alluvions aurifères de la rivière, pour en extraire les paillettes et pépites d'or. Il pensait à Alexandrine sa voisine, avec laquelle il aurait pu partager ce moment de fraîche sérénité, si les aléas de la vie avaient tourné en sa faveur. Emile se remémorait le chant 37 du Kalevala, que lui chantait sa nourrice Ougro-finnoise. Ce fameux chant mythologique, où, Ilmarinen le forgeron, en souvenir de sa défunte femme, se fabriqua une femme en or massif, d’une douceur et d’une sensualité exquises, qui hélas, demeura inerte et ne remplaça jamais l’originale. C’est dans ce fameux chant que, Väinämöinen met en garde la jeunesse de ne pas s'avilir devant l'or. Aussi, Emile offrira l’or récolté, à la belle Alexandrine, en guise de présent, faute d’avoir le talent d’Ilmarinen, capable de forger toute sorte d’objet et notamment une femme d'argent, pour son ami Ukko, trop affairé, pour se chercher une épouse. Soudain, un liseré de paillettes doré, brilla dans son assiette, il se releva en poussant un cri, son dos douloureux courbé et rôti par le soleil avait été la cible de taons voraces et virulents qui lui firent lâcher sa batée, à son grand désarroi.
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