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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 15:42
Emile transpirait à grosses gouttes. La chaleur qui s’abattait sur la ville s’élevait maintenant à plus de 35 degrés.
Les seuls mouvements qu’il s’accordait, étaient ceux qu’il devait faire pour boire un peu d’eau fraîche, préservée dans sa berrada en faïence, cette gargoulette offerte par son oncle bicariophile baroudeur qu’il ramena de son voyage à Fez, semblable à celle du peintre Eugène Delacroix. Comme un coq qui lève le bec pour chanter, Emile bascula la tête en arrière pour se désaltérer, tout en observant l’état du ciel, un ciel sans nuage, d’un bleu profond. Il n’était pas de ceux qui vénèrent le soleil, il n’était pas de ces êtres au sang froid capables de lézarder des heures en plein cagnard, tel ce satané pigeon biset, posé sur la gouttière, qui impacta son front de fiente colombine glauque et nauséabonde.
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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 16:30
Rares étaient ces moments où Émile se suffisait à lui-même, comme si le monde extérieur qui l’entourait était une simple représentation de son subconscient et que le seul fondement de la réalité était sa conscience d’être unique, la conséquence d’un idéal extrême très nombriliste, à la limite du solipsisme tel que le décrivait le médecin Claude Brunet. Ces pensées s’évaporèrent lorsqu’il entrevit par la fenêtre, Alexandrine sa voisine, sublimée par un rayon de soleil, vénus conchicole à la beauté transcendante, surgie d‘un tableau de Botticelli. Naquît alors en son âme, un indicible désir, outrepassant les bornes de son ego, un désir qui concevait dans cette apparition fantasmagorique, à la beauté ineffable, une osmose fusionnelle déroutante et  son possible « alter ego ». Il partit à sa rencontre, sûr de sa vérité, bondissant dans l’escalier, tel un pécari touché par la grâce. Pour arriver devant elle, haletant… en slip.
Dans sa précipitation, Emile avait omis d’enfiler un pantalon., ce qui ne fut pas du meilleur effet, à son grand dam.
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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 14:34
Comme chaque année, Émile ressortait son vieil harmonica, pour célébrer, le solstice d'été, jour le plus long de l'année. Un rituel qu'il avait commencé le 21 juin 1983. Cette année, Émile trouva un emplacement à la croisée d'un carrefour, qui lui sembla propice, à une expression musicale des plus créatrices. Muni de son harmonica « spécial 20 », il entama un Chicago blues de Muddy Waters de derrière les fagots, qui fit sensation, parmi les trois badauds agglutinés autour de lui, qui tapaient du pied et claquaient des doigts. Jusqu'à ce que, son chant fut submergé par le son tonitruant d'un DJ mobile effronté, armé de sa grosse sono, venu se garer à ses côtés. Malgré ses vociférations de loup hurlant, malgré ses égosillements de coq en rut, son blues rebelle ne parvenait pas aux oreilles des trois auditeurs présents, qui ne furent plus qu'un, au demeurant, à entendre ses braillements plaintifs paroxysmiques. Les hanches métalliques vibraient péniblement et ses cordes vocales, mises à rudes épreuves, ne purent assurer d'avantage leur pouvoir mélodieux, à son grand désarroi. Il rengaina son harmonica, fusilla du regard le DJ irrespectueux et plia bagages tout en maugréant. Cette mésaventure lui inspira une création qu'il publia ici.
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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 19:48
Émile admirait son "Thysania agrippina" , ce papillon rare, offert par son oncle lépidoptérophile baroudeur et capturé à Rio Grande do sul, doté d'une envergure d'ailes avoisinant les 30 cm, mis sous vitrine, bordé d'acajou et accroché au mur du salon, jouxtant un "attacus atlas" tout aussi impressionnant. Émile tenait à montrer ces beautés de la nature à sa voisine Alexandrine, qu'il invita pour l' occasion, à une petite collation. Elle fut ravie de déguster en sa compagnie, les délicieuses madeleines à peine brûlées et pratiquement pas bourratives, qu'il avait faites avec amour, agrémentées d'un délicieux thé de Chine au parfum envoûtant. Une ambiance suave, se dessinait, dans les volutes du thé brûlant, des rires fusaient, les yeux brillaient, quand, soudain, elle aperçut les « bestioles » placardées. Un morceau de madeleine vint obstruer le larynx de la belle Alexandrine, qui s'étouffait sous les yeux médusés d'Émile. Il eut le réflexe salvateur, de lui taper prestement dans le dos. Le bout de madeleine, tel un projectile de fusil à pompe, jaillit du gosier d'Alexandrine et se colla sur le Thysania agrippina, en éclaboussant en deux gerbes ailées, ce qui curieusement, avaient l'allure d'un "Satyrus arethusa", à la grande surprise d'Emile.
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8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 22:54
En confectionnant son nœud de cravate, Émile se remémorait, le jour où, à bord de son "optimist", le moussaillon qu‘il était, dirigeait contre vents et marées, grâce aux deux drisses, la voile aurique, gonflée par la brise. Le bateau avec le vent en poupe, fusait sur l'eau, tel l'hydroglisseur de « Mon ami Ben (Gentle Ben) », jusqu'au moment où, contre toute attente, le drame se produisit: la corde se rompit et la frêle embarcation partit au large, dans le ressac des vagues et les tourbillons d'écume, la voile en drapeau et les embrums marins dans les yeux. Malgré la peur qui le tenaillait, il assembla les deux morceaux de drisses, fit un nœud de carrick, en serrant les dents. La voile se gonfla à nouveau, Emile vira de bord avec une bravoure étonnante et regagna la rive avec brio . Émile soupirait d'émotion devant son miroir, il transpirait et son teint était écarlate, lorsqu'il remarqua que son nœud de cravate n'était pas un nœud ordinaire, cela ressemblait à un nœud marin, un noeud de "Matthew Walker". Un noeud de marin qu'il allait avoir du mal à défaire sans s'étrangler. Cette histoire inspira une création qu'il publia ici.
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2 juin 2009 2 02 /06 /juin /2009 21:58
Perché sur son plongeoir, Émile s’apprêtait à faire le saut de l’ange. Il avait profité de cette belle journée ensoleillée de Pentecôte, pour se rendre à la piscine municipale. Par 3 bonds successifs sur la planche, il prit son envol, tel le saint esprit, les bras en croix, le corps cambré, hyperbole d’un mouvement sublime éphémère, s’élevant vers les cieux, cherchant une issue vers le sommet, vers la liberté suprême inaccessible, joignant ses bras au dessus de sa tête, pour transpercer tel un javelot la surface bleutée de l’eau chlorée. Émile, sculpture vivante, incarnation divine de l’art par essence, en osmose avec l’air, la lumière et l’eau, venait de s’estourbir le flanc gauche du visage, en frappant la surface de l’eau.  Le pavillon  de l'oreille externe était douloureux et des acouphènes marins avec des cris de mouettes affamées survolant un chalutier avaient fait leurs apparitions, ce qui était auditivement gênant et au demeurant, assez insolite, dans une piscine couverte.
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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 21:12
Emile se réveilla en sursaut avec la bouche sèche, comme s'il avait mâché du carton ondulé durant son sommeil. En raison d'une hypersensibilité allergène due aux pompons des platanes, son appendice nasal congestionné par les sinusoïdes veineux, l'avait contraint à respirer par la bouche, ce qui avait généré des ronflements de pécari fébrile, pendant toute la nuit. Une nuit cauchemardesque, où, perdu dans une forêt hostile et ténébreuse, il fut poursuivi par de grosses boules de poils allergènes. Il alluma son ordinateur, afin de raconter son étrange rêve dans son carnet électronique. Il inhala toutefois, quelques gouttes vasoconstrictrices d'huile essentielle, à usage prophylactique, pour décongestionner ses narines obstruées. Son nez se déboucha lentement avec de petits sons spongieux de muqueuse humide, quand soudain, sans retenue aucune, il éternua, tel un cheval morveux, sur son écran, devenu, de ce fait, illisible, à son grand désarrois.
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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 17:26
Grâce à son nouveau poste transistor PO-GO-FM et-PU, PIZON BROS T1000FM de 1961 acquis pour une misère lors d'un vide grenier, Émile pu à nouveau capter son émission préférée, diffusée sur France Culture du lundi au vendredi de 17h50 à 17h54 : « le regard d‘Albert Jacquard » (télépodcastable).
Son vieux poste OPTALIX TO323 MERCEDES de 1967 fonctionnait encore, toutefois, le bouton pour régler la fréquence avait pris son envol un jour d'énervement, pour disparaître à tout jamais par la fenêtre. Aussi, régler la fréquence avec ses dents, pour capter « France culture » avec peine, devenait une épreuve de longue haleine.
Ce jour-là, curieuse coïncidence, notre ami Albert nous parla des étincelles qui se formèrent, lorsque l'écossais Robert Symmer retira ses bas de soie noire, qu‘il avait enfilés lors d‘un deuil, sur ses habituels bas de soie naturelle.
En revanche, aucune allusion sur une quelconque odeur de camembert ou de brie de Meaux affiné...Dommage!
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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 08:32
Le tiroir à chaussettes était vide de son contenu. Emile décida d'enfiler celles de la veille, même si toutefois, ses récepteurs olfactifs décelèrent une odeur de brie de Meaux affiné, quelque peu entêtante. Il prit les jambes à son cou, afin de ne pas rater l'autobus. Une journée particulièrement trépidante s'était écoulée lorsque qu'il fut de retour à son domicile, transi par une pluie battante. Il fut surpris de trouver Alexandrine, sa voisine, sur le pas de porte, qui l'attendait: son lave-linge ne fonctionnait plus et son embarras était grand. Il accepta avec courtoisie de jeter un œil à la machine défaillante. Aussi, comme Alexandrine venait de cirer le parquet, elle lui demanda d'ôter ses chaussures. Ce que fit Emile compréhensif. Puis, il la suivit en chaussettes jusqu'au lave-linge, qu'il examina attentivement, avec une intense concentration. Alexandrine se demanda d'où pouvait bien provenir cette odeur de vieux camembert pourri.
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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 22:55
Un cil était tombé dans l'œil gauche d'Émile, son œil le plus performant. Ce poil recourbé qui chatouillait son globe oculaire, s'était dissimulé sous la paupière inférieure et le déloger de cette niche humide relevait de l'acte chirurgical. Les doigts gourds d'Émile n'avaient pas cette dextérité qu'ont les artistes, réalisateurs de puzzles complexes, capables d'imbriquer les pièces, les unes dans les autres, avec une célérité étonnante, aussi, son œil vitreux prenait une couleur purpurine des plus pourprée . Soudain, après maintes circonvolutions de la sphère oculaire, le cil rebelle, fit enfin son apparition dans le caroncule lacrymal. Emile parvint à extirper le poil récalcitrant avec brio, habilement, à l'aide de son auriculaire salvateur.
Cette mésaventure lui inspira une œuvre, qu'il intitula, « Follicule pileux nombriliste ».
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