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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 01:18
Émile avait suivi son ami japonais Kikabu Monsaké au temple, où, allait retentir à minuit, les 108 coups de gong, chassant un à un, les péchés des âmes impures. Ce nombre cosmique est sensé représenter le nombre de péchés accumulés dans une âme tout au long de l'année et il symbolise le cheminement des ténèbres vers la lumière. Émile se demandait, en souriant, s’il n’ avait pas dépassé les 108 pêchés cette année et si le chemin de la lumière lui serait montré. Aussi, lorsque les 108 coups de gong retentirent, Émile s'imagina vêtu d'un costume composé de métamatériaux doté d’un indice de réfraction négative, lui donnant la possibilité de modifier la direction des ondes électromagnétiques dans un sens tout à fait particulier, rendant de ce fait, possible, l'invisibilité de son âme et par conséquence l‘accès vers la porte de la lumière. Ses yeux s’ouvrirent enfin, à la 108ème claque assenée par son ami japonais mort d‘inquiétude, qui sortit Émile de son comas inattendu et délirant, dû à un impact frontal de poutre trop basse située à l'entrée du kondô, à son grand dam.
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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 19:43
Armé d’une mouillette préalablement beurrée, Émile s’apprêtait à crever son œuf à la coque. Son Noël à lui, était plutôt sobre. D’ailleurs, il ne fêtait pas Noël, il célébrait « Yule »: le solstice d’hiver, comme chez ses ancêtres celtiques. L’image grotesque du père Noël, mêlée à celle du petit Jésus le rebutait. Sans doute, à cause de son oncle baroudeur, qui le flanqua de force, lorsqu‘il était enfant, entre les bras d’un père Noël aviné, suant et malodorant, qui lui fourra dans la bouche un petit jésus en sucre, pour une photo mémorable. Émile, avait aussi une aversion pour les rennes, ces animaux puants, qui lui bottèrent le cul, alors qu’il ramassait son bonnet alourdi par une boule de neige qu’il ne put éviter.
Une bûche de chêne qui brûlait dans sa cheminée, éclairait son visage jovial et donnait à l’œuf, une belle couleur orangée. Une larme d’émotion perla sur sa joue, car, lui aussi, fut un germe dans un œuf, un jour.
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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 16:59
Émile avait constaté que certaines réalités, comme la séduction par exemple, échappaient au « savoir » . Le mystère de la séduction est de l’ordre de l’énigmatique. Être séduit, c’est perdre l’habitude d’être soi et ne plus être soi, pour un nombriliste, c’est perdre son identité. Aussi, lorsqu’ Émile aperçut au loin Alexandrine par hasard, alors qu’il effectuait quelques achats compulsifs, influencés par un vendeur qui maîtrisait parfaitement son « soncas », il fut séduit par l’allure extraordinairement féminine de sa voisine. A tel point qu’il oublia l’être réservé et raisonné qu’il était. Il franchit le portail de sécurité, sans se rendre compte qu’il tenait dans ses mains des pinceaux aquarelles en poils de loutre, sans se rendre compte du signal d’alarme déclenché. Émile fusa à la rencontre de la séduisante Vénus resplendissante, bondissant tel un pécari en rut, poursuivi par deux véloces vigiles qui parvinrent à le plaquer au sol énergiquement, au pied d’Alexandrine, qui sursauta en hurlant, tout en reconnaissant son voisin Émile. Celui-ci remarqua qu’il était difficile de sourire, la face maintenue contre terre et les mains plaquées au dos.
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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 22:59
Emile avait beau chercher dans tous les sens, il ne retrouvait plus les clés de son domicile. Pourtant, il les avait bien pendues, sur le porte clefs décoratif, ornés de coquillages issus de la baie St Michel, offert par son oncle baroudeur et ramené lors d’une pêche aux moules périlleuse. Ces pertes de mémoire inquiétaient Emile, qui se demandait si les apéritifs «spécial goût homard», chargés en glutamates, n’y étaient pas pour quelque chose. Après tout, Il pouvait très bien, être victime d’ altérations mitochondriales, conduisant à une libération de cytochrome p450, menant à l'apoptose. Une angoisse soudaine le saisit à cette pensée et c’est en se touchant le cœur, qu’il entendit, le doux cliquetis de ses clefs dans sa poche revolver, à son grand soulagement.
Pourquoi voulait-il sortir de chez lui, déjà? Emile se posait la question….
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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 10:14
Emile savourait son chou romanesco, tout en observant les inflorescences phyllotaxiques du légume étuvé, aux motifs spiralés amusants et mathématiquement attractifs puisque leurs parastiches de huit spirales dans un sens et treize dans l’autre, sont des termes de la suite de Fibonacci. Emile mâchouillait son légume fractal en songeant à la plénitude de l’infini, quand soudain, on sonna à sa porte. La venue, d’Alexandrine, sa voisine, qui manquait de sucre pour la préparation de son quatre quarts, était une aubaine pour Emile, qui cherchait depuis longtemps déjà, à séduire la belle. D’un petit saut de pécari gracieux et leste, Il empoigna le paquet de sucre de cannes, situé sur l’étagère supérieure et d’un geste précis et rapide lui tendit la précieuse substance, accompagné de son plus beau sourire. Cependant, il ne put retenir dans cet effort inopiné, une flatulence malencontreuse, aux gaz sulfurés odorants, issus de la fermentation intestinale, du chou fractal, à son grand désarroi.
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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 18:28
Sans respirer, entre deux battements de cœur, pour minimiser le moindre tremblement, Émile déposa, avec délicatesse les pigments colorés, sur sa sculpture miniature, à l’aide d’un poil de mouche. Une fois le pépin de raisin peint, il le plaça minutieusement sur un rond de satin, qu’il déposa dans un écrin, fabriqué par ses soins avec une coquille de noisette.
Il décida, d’offrir cette œuvre microscopique, représentant "Le Déjeuner sur l'herbe"d'Édouard Manet, à sa voisine Alexandrine, afin de lui signifier, l’incommensurable amour, qu’il éprouvait pour elle. Il profita de l'occasion, lors d’une consultation, de leur boîte aux lettres respective, pour lui remettre le précieux écrin.Elle adorait les noisettes et manifesta une joie certaine devant ce présent inattendu. Soudain, elle s’empressa de prendre la noisette, de la casser entre ses dents, afin d’en sortir le fruit convoité. Puis elle recracha les morceaux de coquille, en exprimant sa tristesse face à cette coquille vide de contenu.Emile, entre deux déglutitions douloureuses, partagea sa tristesse et lui promit d’autres noisettes, à son grand dam.
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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 19:08
Emile observait cette mince frontière, définie par l’eau à l’intérieur de la goutte d’eau et l’air extérieur. Une frontière composée de molécules, régie par une force mystérieuse. Une force capable d’engendrer une sphère afin que cette frontière soit la plus petite possible. Une force semblable à celle qui pousse les pingouins sur la banquise à se serrer les uns contre les autres, en cercle, afin qu’il y ait le moins possible de pingouins en contact avec le vent polaire glacé. Une force ancrée dans notre mémoire. Emile déposa une goutte d’eau, sur une feuille de  papier, qui une fois sèche, laissa apparaître, cette mince frontière moléculaire, comme des petits pingouins microscopiques, blottis en rond. Il les prit en photo ici.
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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 17:18
Cette fleur de pissenlit qui orne le blog d’Emile est dédiée au grand anthropologue, Claude Levi-Strauss, père du structuralisme, car, c’est en observant la structure élaborée de la fleur de pissenlit, que Claude Levi-Strauss, s'est consacré à l’étude de nos sociétés, à leurs composantes combinatoires, aux partitions qui les font vibrer, à l'exploration des mécanismes cachés de la culture et aux structures qui les engendrent, outre la volonté des protagonistes et de leurs savoirs. Aussi, en hommage au grand homme, Emile souffla sur une fleur de pissenlit
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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 22:59
Ce jour-là, Émile venait de manifester son "conatus" en toute béatitude , cette conception spinoziste de la joie, qui avait exhortée la production d’une nouvelle œuvre artistique. Une œuvre au concept abouti, digne d’être publiée sur son journal, à son humble avis. Communiquer avec le monde en utilisant l’art, générait plus d’impact émotionnel et encourageait l‘échange relationnel, pensait Émile.
L’art permet-il à l’homme de se cacher du monde à travers les images, ou, au contraire, à s’intégrer au monde par les images?
Émile aimait se poser ce genre de question ontologique, lorsqu’il lisait le catalogue recyclé de «nature et découverte», d’un derrière distrait, aux toilettes...
Il publia son œuvre nombriliste ici.
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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 15:44
Une condensation naturelle maculait la vitre du masque et un fumet nauséabond, flottait à l’intérieur de l’habitacle facial. Émile effectuait son baptême de plongée, dans une piscine d’eau de mer où il tentait d’observer le fond marin sablé et étoilé. S’il était ravi de respirer sous l’eau en toute sécurité, grâce à sa bouteille de nitrox, cette odeur âcre qui taquinait ses narines, le dérangeait fortement, comme si des bactéries pathogènes s’étaient développées dans les joints du masque, polluant malencontreusement l'air restreint de cet exigu espace. Emile prit son mal en patience, faute de système de récupération des condensats et lorsqu’il ôta son masque de plongée, à sa sortie de l’eau, son soulagement fut grand . Il constata avec surprise qu’un jeune encornet, en état de décomposition avancée, s’était glissé, Dieu sait comment, dans la fosse nasale du masque, lors de la plongée. Quel idiot cet encornet! Pensa Emile.
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