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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 14:54

Le moustique qui venait de se poser sur le décolleté laiteux d’Alexandrine n’avait pas échappé aux yeux perçants d’Émile. Serrés l’un contre l’autre dans l’autobus grouillant de monde, Émile, avec une incroyable dextérité linguale, tel un caméléon affamé, happa avec fulgurance le nuisible insecte piqueur. Alexandrine, interloquée par ce geste impromptu et luxurieux, manifesta un cri aigu de surprise des plus sensuel, qui attira les regards curieux de la foule, sur laquelle Émile expectora le moustique dans une effroyable toux convulsive, à son grand désarroi.

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 12:02

Alors qu'il tentait de réparer la sonnette de son domicile, Émile reçut une décharge électrique qui le projeta contre le mur et qui lui fit perdre connaissance. Quand Alexandrine, sa voisine, le trouva gisant sur le sol, la bouche entrouverte, tel un pécari assoupi, ses réflexes Pavloviens de secouriste expérimentée se mirent en branle. Elle diagnostiqua aussitôt une électrisation accidentelle, en voyant une brûlure dans sa paume et en décelant une odeur carbonisée de composition plastique isolante à haute permittivité caractéristique qui planait aux alentours. Elle s’empressa de lui faire un massage cardiaque énergique, suivi d’un bouche à bouche aguerri qui souleva la poitrine d’Émile à chaque insufflation. Toutes les 5 secondes, le regard d‘Alexandrine brillait d’émotion, elle se devait de le réanimer coûte que coûte, compressant le thorax d’Émile du talon de sa main , l’insufflant à nouveau, comprimant son sternum encore, gonflant ses poumons une nouvelle fois….quand soudain le miracle fut: Émile ouvrit les yeux et reprit conscience. -« Vous n’avez pas honte d’abuser d’un pauvre homme à l’agonie » dit-il en souriant.

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 14:35

Un stimulus activa le circuit neuronal du cortex auditif, l’horloge centrale interne encoda l'information de l’alarme émise par le radioréveil et l’ouverture des paupières d’Émile se déclencha comme convenu à l‘heure d‘été. Un clapotement se fit entendre lorsqu’il humecta du bout de sa langue ses lèvres sèches. Il se rappela la vision iréniste de son rêve, où Alexandrine, vêtue d’un paréo en soie légère, lui présentait une coupelle de papaye rouge et de pitaya rose baignant dans un jus de mangoustan, alors qu‘il manœuvrait la barre de sa jonque sur la baie d'Ha Long, dans la brume matinale. Une brume vaporeuse qui encombrait son cerveau et qui s’étendait devant ses yeux. Émile se concentra, souleva son buste et parvint à s’extirper du cocon nocturne tel un lépidoptère s’éveillant à la vie. Son pied entortillé dans la couette envahissante freina son envol et un bref vol plané le mena directement à la cuisine, où il remarqua que le réveil, qui tomba sur sa tête lorsqu’il percuta le réfrigérateur avec son crâne, était toujours à l’heure d’hiver et qu’il allait être en retard à son cours de gnomonique.

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 10:35

Les micro-particules de thé séché excitèrent ses récepteurs olfactifs, Émile éparpilla des millions de bactéries autour du guéridon, dans un phénoménal éternuement. Alexandrine regretta de lui avoir fait sentir ce thé chinois à l’arôme exceptionnel " Yin Zhen " , exclusivement composé de bourgeons argentés, à 43.50 euros les 100 grammes seulement. Aussi, par précaution, elle éloigna du sensible appendice nasal éruptif, les madeleines à l’essence de bergamote qui sortaient du four. Après s’être excusé pour sa maladresse et avoir brillé au sujet des huit yeux de l’araignée sauteuse de l'Oklahoma "Phidippus mystaceus" et de son système hydraulique, produit par l’influx instantané de l’hémolymphe, Émile jugea opportun, d’embrasser Alexandrine. Avant de passer à l’acte, il avala sa madeleine avec élégance, prit sa tasse de thé, qui était vide, à sa grande stupeur. Une angoisse soudaine l‘envahit. Le gâteau coincé dans le larynx, l’étouffait lentement et son visage écarlate des plus alarmant augurait une suffocation imminente. Les mots qui sortaient de sa bouche, étaient réduits à de minables chuintements de pécari à l‘agonie. C’est alors que, dans un formidable élan de lucidité, Alexandrine lui colla une grande claque dans le dos qui le sauva de son asphyxie inopinée, mais qui réveilla en revanche, une ancienne douleur lombaire. Emile serra les dents, à son grand dam.

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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 23:17

De retour de son voyage, Émile, s’empressa de rendre visite à sa voisine Alexandrine, afin de lui offrir un cadeau souvenir de son tumultueux séjour. Lorsqu’ elle apparut sur le pas de porte, sa beauté majestueuse, exacerba son incoercible sentiment amoureux. En un instant fulgurant, le temps se figea, la hauteur et la profondeur spatiales se fondirent dans l‘univers. Immobilisé et divisé par une dualité intérieure mise sous pression, l’ego d‘Émile, se perdit dans les méandres de l’affect cognitif. Cette beauté énigmatique et pénétrante, génératrice de joie intérieure, remplissait l’espace, jusqu‘à la suffocation, à moins que ce ne fut son odeur charnelle envoûtante. Comme s’il faisait un " bond dans le vide ", appelé à battre des bras comme un oisillon, pour renouer avec lui-même et avec le monde, il perdit l’équilibre. Tel le capitaine Mac Whirr pris dans le typhon à bord du vapeur « Nan-Shan », Émile chaloupa, partit en avant, plongea dans le décolleté laiteux d’ Alexandrine, qui partit à la renverse, le dromadaire en bois d’acajou sculpté vola dans les airs et vint heurter la nuque d‘Émile, suivis par les loukoums parfumés, qui avaient fusés eux aussi et qui tombèrent comme des figues molles sur les corps enchevêtrés du couple étalé.

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 15:53

Après s’être balancé, au démarrage, un coup derrière, un coup devant, pour se retrouver à plusieurs mètres de haut, ses mains crispées sur la selle, Emile tentait, vaille que vaille, de se tenir sur le dos du dromadaire. Luttant contre la chaleur, dans ce paysage désertique où quelques touffes xérophytes survivent malgré tout, Emile n’osait lâcher prise. Le voyage s’éternisait, son front ruisselait, ses mains serrées, moites de sueur, glissaient sur le pommeau de la selle. L’eau de sa gourde, agitée par le mouvement du « vaisseau du désert », devenait un bruit intolérable, dans le Sahara du Grand Erg Oriental. Enfin, la caravane de touristes fit halte. Emile descendit de l’animal, exténué, les dorsaux tétanisés, les jambes arquées, la gorge sèche, il pressa la gourde de cuir et but à grandes rasades. L'odeur du camélidé qui imprégnait ses mains, lui monta à la tête. Il finit par se demander si ce voyage gagné à la tombola des écologistes  tunisiens de son quartier, était vraiment un cadeau, surtout quand les deux chameliers se mirent à chanter un chant berbère à tue tête sous le soleil couchant.

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 20:23

Les pigments imprégnaient lentement le papier aquarelle et dans cette coulée heureuse, où, l’eau, la terre, le ciel se mélangeaient en symbiose parfaite, on devinait le message fusionnel universel ancré au fond de chaque être vivant. Cette dissolution momentanée des atomes qui quittent notre corps sous forme de courant et qui sont remplacés par d’autres atomes provenant d’autres êtres. La matière invisible, dans son cycle de vie mystérieux, aux absconses combinaisons, devient visible et tangible. Comme David Mc Callum enfilant son masque de caoutchouc. Dans cette dernière création d’Emile, il émanait quelque chose de suprême, quelque chose d’ineffable et subtil, en harmonie avec l’univers tout entier, avec Alexandrine et lui au milieu, dans un transport de joie, beau comme un autobus à plate-forme. Il décida de publier son œuvre dans son carnet ici.

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 22:17

Le splendide chevalet en bois de hêtre vernis, à double flèche, avec patins réglables, pourvu de roulettes, avait fière allure dans l’autobus. Emile savourait cette acquisition faite à la salle des ventes, avec volupté. Le statut d’artiste que lui conférait l’encombrante pièce de bois, renforçait son égo de « créateur » , à la limite de l’arrogance.

Le bus marqua l’arrêt, chargea à son bord, une vieille dame élégante, vêtue d’une peau de zibeline de Mongolie, puis, reprit son trajet doucement. La dame se dirigea vers l’arrière du véhicule, où l’attendait une place assise, près d’un moustachu hirsute dont la surcharge pondérale débordait du siège. Elle rangea sa carte vermeil, dans son sac à main crocodilien, le car prit soudainement de la vitesse et dans sa subite accélération, la distinguée sexagénaire partit la tête en avant, tel un ballon de rugby et vînt s’encadrer dans le chevalet d’Emile. A sa grande surprise, cela lui rappela curieusement la toile des « vaches de Van Gogh. »

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 21:57

L’aube venait de poindre, une salve de bâillements, accompagnée de mouvements d'étirement du tronc en hyper lordose, écarta les mâchoires d’Émile, qui émit un grognement aigu de pécari endormi, suivi d’une flatulence feutrée à l‘odeur de chou fleur discrète. Il avait dormi longtemps et entre ses yeux mis clos, le joli visage d’Alexandrine lui souriait. La belle, venue lui rendre visite sur son lit d’hôpital, lui avait pris la main et lorsqu’elle posa ses lèvres pulpeuses sur son front, malgré le douloureux frisson qui parcourut sa colonne vertébrale, Émile eut du plaisir et masqua difficilement son érection naissante. C’est alors qu’il vit dans les yeux brillants de l’adorable créature, la constellation de « la machine pneumatique ». Une constellation qui lui rappela l’explosion accidentelle responsable de son internement. Emile était vivant et les trompettes du « magnificat » de Bach résonnèrent dans ses pavillons acoustiques.

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 14:30

Le gonfleur électrique, avec son doux ronron, emplissait d’air le matelas pneumatique, des motifs maritimes bigarrés s’affichaient et un poulpe déployait peu à peu ses tentacules. Émile, pendant ce temps, effectuait une dernière vérification générale du bateau. L’ivresse du large et les embruns marins, lui donnaient une sérénité intérieure, que rien ne pouvait troubler. Il était, en osmose avec son élément, tel un ormeau irisé, collé sur son rocher baigné par l’écume. Il passa le bout de sa langue sur sa lèvre inférieure, ses papilles fongiformes s‘excitèrent, quand soudain, le matelas, saturé d’air, explosa. La déflagration projeta, tel un missile, la cabine dans les airs. Émile fusa par dessus bord et se cala dans un vieux pneu de l’embarcadère. La cabine, en retombant, ricocha sur un rafiot, emporta le mat incliné d’une felouque, un pêcheur fut giflé par une bandelette en caoutchouc issue du matelas et une partie du toit décapita le bout de la canne à pêche où tintinnabulait un grelot, qui tomba sur le front d’Emile, soufflé d’être toujours entier.

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